Source: AP
Le président libanais nouvellement élu Joseph Aoun sourit à son arrivée au Parlement libanais pour prêter serment en tant que nouveau président, à Beyrouth, Liban, jeudi 9 janvier 2025.
Le 9 janvier, le Parlement libanais a élu le général Joseph Aoun président de la République au second tour, avec 99 voix sur 128 députés. Cette élection met fin à deux ans de vacance de la présidence, provoquée par l'absence de consensus entre les différentes forces politiques. Le tournant est intervenu après une rencontre entre Joseph Aoun et les représentants du Hezbollah et d'Amal, permettant de réunir les voix nécessaires à son élection.
Dans son premier discours, Joseph Aoun a affirmé que son mandat marquerait «une nouvelle ère» pour le Liban. Il a déclaré que l'État aurait désormais «le monopole des armes» et s'est engagé à respecter «la trêve avec Israël» tout en accélérant les consultations pour nommer un Premier ministre.
Un contexte international sous pression
L'élection du commandant de l'armée libanaise a été soutenue par des pressions internationales intenses. Des émissaires américains, saoudiens et français ont multiplié les rencontres avec des parlementaires libanais dans les jours précédant le scrutin, selon un communiqué de l'ambassade des États-Unis au Liban.
Cette élection intervient alors que le Hezbollah, acteur clé de la scène politique libanaise, sort affaibli de la guerre avec Israël. Le chef du mouvement, Hassan Nasrallah, a été tué lors du conflit, et l'organisation a perdu une partie importante de son arsenal militaire. Cet affaiblissement, combiné à la chute de l'ancien président syrien Bachar el-Assad, a forcé le Hezbollah à abandonner la candidature de son allié Sleiman Frangié, ouvrant donc la voie à Joseph Aoun.
Un rôle clé dans le cessez-le-feu avec Israël
Joseph Aoun bénéficie d'une réputation de probité et d'impartialité. Chef de l'armée, il a joué un rôle central dans l'application du cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, entré en vigueur le 27 novembre dernier. Ce cessez-le-feu prévoit le retrait des forces israéliennes du sud du Liban et le déploiement exclusif de l'armée libanaise dans cette région. Le mécanisme de mise en œuvre est supervisé par la FINUL, les États-Unis et la France, selon un communiqué officiel publié par la FINUL le 9 janvier.
Des défis colossaux à relever
Le nouveau président hérite d'un pays en crise. Le Liban, frappé par une crise économique sans précédent, doit entreprendre des réformes urgentes pour restaurer la confiance de la communauté internationale et relancer son économie. Selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères, «cette élection doit être suivie par la formation d'un gouvernement capable de rassembler les Libanais et de répondre à leurs aspirations».
En vertu du système confessionnel libanais, la présidence est réservée à un chrétien maronite. Bien que son rôle soit largement protocolaire depuis l'accord de Taëf, le président joue un rôle symbolique dans la stabilité du pays. L'élection de Joseph Aoun devra être validée par un amendement constitutionnel, la législation actuelle interdisant l'élection de hauts fonctionnaires encore en poste.